Submergé.e par les émotions…

J’ai apprécié l’article écrit par Marina Blanchart , juste après les attentats du 13 novembre 2015. Marina est belge, est-ce pour cela que son point de vue est une bulle d’oxygène et de recul ? Elle nous décode cette vague émotionnelle avec le regard systémique de l’école Palo Alto. 
« Une envie de réagir aux événements extrêmement violents de ces derniers jours qui génèrent, à juste titre, une vague émotionnelle immense m’amène à écrire cet article… »

Comment réagir face à la violence ? Y a-t-il une réaction type ?

Comme l’écrit Marina, il n’y a pas de réaction-type ! Chaque être humain réagit à sa manière, selon sa sensibilité et son histoire.

« Certains sont envahis par la peur, ont envie de se protéger, de rester chez eux, là où ils se sentent en sécurité, d’autres sont en rage, ils seraient poussés à la haine, à rendre coup pour coup, ils y pensent sans arrêt, ruminent cette rage qui grandit encore, d’autres encore parlent et partagent, ils ont besoin de se sentir « humain » entourés d’autres humains, ils se tournent vers les réseaux sociaux, vers leurs proches, en discutent, partagent leur incompréhension ou encore cherchent des solutions, d’autres enfin sont envahis par une tristesse immense, par une incompréhension face à ce déchaînement, un sentiment d’impuissance et de perte irrémédiable… et beaucoup passent d’une de ces émotions à une autre… et les médias nourrissent ces émotions volontairement ou non… »

Cette vague émotionnelle, c’est bien normal !

Lorsque nous sommes dans une position douloureuse, face à la souffrance, nous pouvons nous sentir déchirés entre des valeurs de paix, et parfois des pensées de vengeance. Ce décalage peut générer des émotions parfois contradictoires.

Notre réaction, quelle qu’elle soit, est souvent la manière la plus adaptée que notre organisme trouve pour traverser l’événement, compte-tenu de notre histoire.

Lutter contre nos émotions est une double peine

Si vous tentez de lutter contre une vague de l’océan, vous risquez de finir noyé ! Se laisser conduire par le courant, voire surfer sur une vague – même et surtout si elle est violente-augmente les chances de survie. C’est pareil avec les émotions !

J’avais déjà traité ce sujet grâce au magnifique film Vice-Versa :  lire l’article ici.

Marina Blanchart va plus loin à propos des aides psychologiques : Certaines sont utiles, voire indispensables pour les personnes choquées, ou touchées de très près. Toutefois, vigilance sur les messages grand public qui proposent des aides à tout-va, et peut générer « inconsciemment un sentiment d’incapacité à gérer soi-même.  »

S’autoriser à digérer…

« Je pense aussi qu’aucune aide extérieure ne peut éviter la souffrance face à un tel choc dans l’immédiat et qu’il faut d’abord prendre le temps de souffrir pour digérer, c’est probablement, pour beaucoup mais dans une mesure très variable, une étape indispensable ! Souffrir est malheureusement « normal » et fait partie de cette vie parfois si belle, parfois si dure… Vouloir ne pas ressentir les émotions désagréables que sont la peur, voire l’angoisse, la colère, voire la rage et la tristesse voire le désespoir, c’est normal, mais ne pas les ressentir aujourd’hui serait prendre le risque de les voir
resurgir en force demain… »

Submergé.e par l’émotion malgré tout cela ?

Pour celui ou celle qui se trouve incapable de reprendre sa vie « d’avant » : pour l’adulte qui sursaute au moindre bruit, pour l’enfant qui cauchemarde de manière excessive, pour l’ado incapable de prendre le métro sans
trembler…  » Alors il est évident qu’une aide extérieure pourra être nécessaire.

Traverser les émotions douloureuses, ça nous muscle !

Je laisse la conclusions sous la plume de Marina :
« … nous avons le pouvoir, chacun, de mobiliser nos propres ressources, plutôt que de prendre une béquille qui nous
empêcherait de nous muscler un peu plus. En souhaitant quand même que la mer redevienne plus sereine et les vagues, toujours présentes, moins violentes afin de nous permettre de les apprécier pour la beauté et le
relief qu’elle pose sur la mer… »

(*) Marina Blanchart, est psychologue et formatrice en thérapie systémique dite de l’école Palo Alto, a fondé le centre de recherches Virages

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Et vous, quelle est votre manière de traverser les émotions ?